Quels sont vos parcours respectifs ?

Jean-Louis Garcia : Ancien instituteur spécialisé, j’ai milité pour l’APAJH dès 1976 à travers des responsabilités locales, dans l’Hérault. Je me suis en parallèle engagé auprès de la MGEN et de Solidarité Laïque. Je suis Président de la fédération nationale APAJH depuis décembre 2008. L’APAJH est, quant à elle, née en 1962 de la volonté d’enseignants parisiens. Elle a ensuite dépassé le cadre de l’école pour élargir son action à tous les handicaps et à tout âge de la vie. Elle réunit des femmes et des hommes qui veulent faire avancer la réflexion et l’action pour les personnes en situation de handicap.

Roger Crucq : Je suis moi-même, comme Jean Louis, issu des rangs de l’éducation spécialisée. J’ai, à ce titre, beaucoup œuvré au service des jeunes en situation de handicap, notamment dans les années 1982 et 83 lorsque paraissaient les premiers textes relatifs à la scolarisation des enfants handicapés. A cette époque j’ai croisé, pour les premières fois, les équipes de l’APAJH dans mon département des Côtes-d’Armor. A l’époque, nous en étions aux balbutiements de ce que nous appelions encore « l’intégration ». Il fallait mettre en relation les équipes des établissements avec des enseignants et construire les premiers projets de scolarisation, souvent partielle pour ces jeunes élèves. Je suis investi dans les Autonomes de Solidarité Laïques depuis le début des années 90 et Président de la FAS (Fédération des Autonomes de Solidarité) depuis 11 ans maintenant. Il y a des points communs dans nos engagements, ils sont profondément humanistes.

 Pourquoi l’APAJH et la FAS ont-elles débuté une collaboration ?

Jean-Louis Garcia : J’ai rencontré Roger Crucq à travers notre militantisme dans plusieurs organisations, notamment au sein de L’ESPER (L’Economie Sociale Partenaire de l’Ecole de la République). Il était très réceptif aux problématiques du handicap et de mon côté je m’intéressais à la souffrance des enseignants. Cette rencontre humaine et des sujets communs nous ont rapproché ! L’APAJH est ainsi devenue un conseil technique expert utile et engagé pour la FAS sur le handicap des élèves et personnels de l’éducation.

Roger Crucq : Les Autonomes et leur Fédération œuvrent pour le soutien aux personnels d’éducation lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés. On parle souvent de conflit avec les élèves ou leurs familles. Mais souvent, ces conflits naissent d’incompréhensions sur des méthodes, des objectifs ou des moyens. Nous n’avons pas vocation à apporter toutes les solutions à toutes les difficultés mais plutôt à contribuer à mettre en action des synergies pour les résoudre. C’est pourquoi la FAS a depuis plusieurs années développé de nombreux partenariats avec d’autres organisations qui contribuent également au bien-être dans l’école. Notre rencontre avec l’APAJH, outre les relations personnelles que nous pouvons avoir, s’inscrit totalement dans cette logique. C’est en maîtrisant ensemble les problématiques liées au handicap que nous sommes plus pertinents pour aider à décrisper des situations qui semblent parfois insolubles. Je partage le propos de Jean Louis, l’APAJH nous apporte beaucoup en termes de connaissance et de capacité à l’analyse des situations que rencontrent nos adhérents.

Quelles sont les valeurs partagées par l’APAJH et la FAS ?

Jean-Louis Garcia : Nous partageons les valeurs de laïcité, de citoyenneté et de solidarité, qui sont d’ailleurs les valeurs de la République. Pour l’APAJH, la laïcité se traduit par un espace public commun à tous les citoyens sans exception. Pour nous, il est aussi primordial de favoriser la pleine citoyenneté des personnes en situation de handicap par l’accès à l’école, à la formation et à tous les domaines de la vie. L’APAJH milite par ailleurs pour une approche collective du handicap fondée sur la solidarité nationale, indispensable à la cohésion sociale. Nous défendons ainsi les plus vulnérables qui sont souvent aussi les plus pauvres. Les pouvoirs publics ne favorisent pas assez l’inclusion en France et les inégalités se creusent.

Roger Crucq : Tout à fait en accord avec ce propos. Le « vivre ensemble » ne se décrète pas, ce n’est pas non plus un slogan. Il se prépare, se structure, d’abord sans doute par le « apprendre ensemble ». La République doit la scolarisation à tous ses enfants, c’est ainsi qu’elle se renforce. Les Autonomes de Solidarité Laïques se sont créées autour d’une école laïque qui ne rejetait ni les personnes ni leur croyance mais qui les rassemblait autour de l’idée simple que, quelles que soient les différences, chacun a sa place dans la cité avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Une école qui romprait ce pacte, par manque de moyen ou par peur de l’autre serait une école qui renoncerait aux enjeux républicains. C’est aussi parce que ce combat est le nôtre que nous inscrivons les Autonomes dans l’ensemble des associations citoyennes.

Pouvez-vous citer des projets communs ?

Roger Crucq : Le 15 mars 2018, un chat live des ASL a été réalisé avec l’APAJH autour de la scolarisation des élèves du 1er degré en situation de handicap. Des intervenants de l’APAJH et de la FAS ont ainsi répondu à des questions relatives à l’inclusion de ces élèves. Ce temps d’échange a généré plus de soixante questions et réponses (retrouvez les échanges).