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Entretien avec une ergonome Sorties scolaires : comment mieux prévenir les risques ?3 questions sur l’usage du numérique à un éducateur spécialisé
1. Le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les pratiques professionnelles des éducateurs spécialisés et dans leurs relations avec les personnes accompagnées est de plus en plus répandu. Vous-même, quels outils numériques utilisez-vous dans l’exercice de votre métier ?
« Nous utilisons beaucoup l’ordinateur, que ce soit pour écrire les rapports, faire des tableaux, mettre des outils en place pour que les jeunes aient accès aux calendriers, aux plannings des vacances, etc. Nous avons des espaces numériques qui facilitent l’accès à l’information et les échanges. »
Lorsque je travaillais en prévention spécialisée, nous utilisions les réseaux sociaux, notamment Facebook, avec une page vitrine pour que la population soit informée des actualités et des activités que nous proposions aux jeunes de la ville. Nous avions choisi Facebook plutôt qu’Instagram, Twitter ou Snapchat en raison de la cible, les parents qui étaient très présents sur ce réseau social. Ils pouvaient ainsi découvrir nos actions, les différents ateliers que nous mettions en place. Et cette communication a eu un impact positif : 40 % des jeunes venaient à nous grâce à nos posts sur Facebook.
Dans ma structure actuelle, c’est différent, nous n’utilisons pas du tout les réseaux sociaux dans l’exercice de notre métier, mais nous utilisons beaucoup l’ordinateur, que ce soit pour écrire les rapports, faire des tableaux, mettre des outils en place pour que les jeunes aient accès aux calendriers, aux plannings des vacances, etc. Nous avons des espaces numériques de travail qui facilitent l’accès à l’information et les échanges.
Dans notre zone pavillonnaire où se trouvent les bureaux administratifs, il y a deux bureaux d’éducateurs avec des ordinateurs fixes. Et dans une autre zone plus conséquente, qu’on appelle le château, il y a des foyers où un poste informatique est accessible aussi bien pour les professionnels, que pour les enfants qui en ont besoin pour se connecter à l’ENT. L’aspect administratif de nos missions représente 40 % du temps et se fait essentiellement par ordinateur.
Les échanges avec les familles des jeunes ont lieu par mails et par téléphone. Nous travaillons pour la protection de l’enfance. Le juge décide d’un placement pour une situation et c’est le département responsable de l’enfant qui le place au sein de notre structure. Nous maintenons donc le lien en permanence avec les référents ASE (aide sociale à l’enfance, ndlr). Nous traitons 10 à 15 mails par jour. Par exemple, un rendez-vous médical ou un rendez-vous avec un collège, nous le notons, puis l’envoyons au référent ASE pour qu’il prenne connaissance du travail que nous, éducateurs, avons réalisé. Le mail est l’outil de prédilection des éducateurs spécialisés.
2. Avez-vous été formé pour ces usages ? Ou, à défaut, avez-vous reçu des directives de votre hiérarchie pour encadrer l’utilisation du numérique dans une MECS ?
« Nous avons bénéficié de plusieurs formations sur les dangers du numérique. »
Nous avons bénéficié de plusieurs formations sur les dangers du numérique. Les dangers, mais aussi les avantages, parce qu’il y a quand même énormément de points positifs à l’utilisation des outils numériques ! Gagner du temps, avoir accès à l’information, échanger avec des personnes qui sont physiquement ailleurs… C’est quand même une chance pour les jeunes d’avoir tout cela.
Concernant les formations, j’en ai eu deux. Une très détaillée de deux jours lorsque je travaillais pour la prévention spécialisée. Ensuite, une d’une journée, en interne. J’ai aussi bénéficié d’une formation sur un outil précis, un logiciel, et d’une autre sur le droit, comme celui à la déconnexion, même si j’avoue conserver les notifications pour rester informé en cas d’urgence.
Étant connecté depuis que je suis jeune, même si je n’ai pas grandi avec Internet, ces formations m’ont conforté dans l’idée qu’il y a autant de points positifs que de points négatifs dans le recours au numérique. Les points négatifs sont très difficiles à travailler, notamment auprès des jeunes. Quand on voit ce qui s’est passé il y a quelques mois, avec les émeutes, ces jeunes qui fanfaronnaient presque sur les réseaux et s’entrainaient les uns les autres… La majorité d’entre eux qui a tout cassé dans la rue était âgée de 14/15 ans à peine… Ces profils, nous pouvions les retrouver chez nous.
Mais d’un autre côté, le numérique reste un outil. Comme un dictionnaire, il faut savoir bien l’utiliser et en tirer le meilleur.
3. Avez-vous déjà été confronté à des risques numériques dans votre pratique professionnelle ? Par exemple : insultes, menaces, usurpation d’identité, etc. Si oui, lesquels, et comment avez-vous réagi ? Sinon, pensez-vous être suffisamment préparé pour gérer ce type de risque ?
« L’année dernière, lorsque je travaillais dans le social avec des enfants, j’ai reçu à de multiples reprises de faux mails d’appels judiciaires très intimidants. »
Non. Concernant les risques numériques, nous avons cette chance d’avoir peu de soucis à ce niveau-là. Les menaces sont le plus souvent verbales. Il peut s’agir de jeunes en colère, mais cela ne dépasse pas le stade de la menace. Parfois, ce sont les parents qui peuvent être virulents, notamment au téléphone. Mais on garde notre calme, on leur explique que nous sommes là avant tout pour leur enfant, pour partager nos connaissances, pas pour leur mettre des bâtons dans les roues. Et, en général, ça rentre dans l’ordre.
Pas de virus ni d’usurpation d’identité non plus. Mais l’année dernière, lorsque je travaillais dans le social avec des enfants, j’ai reçu à de multiples reprises de faux mails d’appels judiciaires très intimidants, plutôt bien faits, qui se sont avérés être des tentatives de phishing utilisant des informations personnelles. Sur le coup, ça m’a effrayé, car quand on ne connaît pas, on peut facilement se laisser duper, et je n’avais pas encore fait les formations sur les risques numériques. Heureusement, j’en ai parlé autour de moi, et c’est là qu’on m’a parlé du phishing.
En dehors de ce cas précis, en tant que professionnels, nous sommes plutôt peu touchés par ces risques. Personnellement, je n’ai eu qu’une seule fois au téléphone un père qui a été très virulent avec moi. Mais la discussion a vite permis d’apaiser la situation.
Je me sens armé contre les risques inhérents à l’utilisation d’outils numériques, surtout parce que je ne suis pas seul. Il y a toute une équipe avec moi. Une grosse équipe d’éducateurs et de professionnels avec lesquels je m’entends très bien, à qui je peux parler de mes difficultés ou de mes craintes. En plus, nos deux chefs de service et notre directrice sont très à l’écoute, et je sais que si jamais il y a un incident du type menace par mail, par exemple, je n’ai qu’à transférer le mail et la direction s’occupe du reste. Dans ma structure, nous ne sommes pas seuls face aux risques, la hiérarchie est à nos côtés.
La première chose que j’ai apprise dans le social, alors que je ne connaissais pas bien ce domaine, c’est que quand quelque chose ne va pas ou dérape, il faut penser à passer le relais. Si on est confronté à un jeune qui nous insulte, nous provoque ou menace d’être violent physiquement à notre égard, peut-être que la solution, c’est de lâcher l’affaire, de passer le relais à un collègue. Bien souvent, le recours à un tiers est suffisant pour désamorcer la situation.
LE CONSEIL DE L’ASL :
L’ASL est à vos côtés en cas de problèmes liés à l’usage des réseaux sociaux, des ENT ou tout autre outil numérique dans l’exercice de votre métier.
- Que vous soyez victime de menaces, de diffamation ou d’usurpation d’identité, par exemple, ne restez pas seul.
- Parlez-en à votre hiérarchie et demandez-lui son soutien.
- Si la situation dérape ou prend de l’ampleur, n’hésitez pas à contacter votre délégation qui va vous orienter et vous accompagner dans les démarches.
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