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Entretien avec une ergonome Sorties scolaires : comment mieux prévenir les risques ?Décrets n° 2023-777 et 782 : avancées ou coups d’épée dans l’eau ?
Le décret n° 2023-777 du 14 août 2023, relatif aux directeurs d’école, et le décret n° 2023-782 du 16 août 2023, relatif au respect des principes de la République et à la protection des élèves dans les établissements scolaires relevant du ministre chargé de l’Éducation nationale, ont été pris dans un contexte où les signalements d’atteintes à la laïcité ont nettement augmenté au cours de l’année scolaire 2022/2023 et où le harcèlement scolaire, qui s’étend désormais aux écoles, s’est traduit de manière dramatique ces derniers mois par le suicide de plusieurs élèves.
Quels sont les apports de ces deux nouveaux textes, les décrets 2023-777 et 782 ? Quels pouvoirs donnent-ils aux personnels de direction ? Aux chefs d’établissement ? Quelles responsabilités pèseront désormais sur eux ? Il conviendra de répondre à ces interrogations à travers l’examen attentif du dispositif mis en place par ces décrets.
1. Pour les directrices et directeurs d’école, un statut inachevé, mais des pouvoirs et des responsabilités élargies par les décrets 2023-777 et 782
La reconnaissance de « l’autorité » des directrices et directeurs d’école publique (décret du 14 août 2023)
Le décret n° 2023-777 du 14 août 2023 est venu apporter des précisions sur leur nouveau statut. Il a pour objet la « définition des missions des directrices et directeurs d’école des écoles maternelles et élémentaires publiques, la définition des conditions de nomination et d’exercice des fonctions des directeurs d’école et la mise en place d’un dispositif d’avancement accéléré conformément à la loi n° 2021-1716 du 21 décembre 2021 créant la fonction de directrice ou de directeur d’école ».
En tout état de cause, « l’autorité » du directeur ou de la directrice d’école se traduit dans les missions qui leur sont confiées, notamment à l’égard de la collectivité de rattachement, puisqu’ils organisent désormais « le travail des agents communaux » et prennent « toutes les dispositions […] pour assurer la sécurité des personnes et des biens, l’hygiène et la salubrité de l’école durant le temps scolaire ».
Le directeur d’école, sentinelle de la lutte contre les comportements à risque (décret du 16 août 2023)
Ce décret, qu’il conviendra lui aussi comme le précédent d’intégrer dans le règlement intérieur de chaque établissement, prévoit désormais « que lorsque le maintien d’un élève constitue un risque pour la santé ou la sécurité d’autres élèves malgré la mise en œuvre des mesures arrêtées par le directeur d’école après examen de la situation de l’élève par l’équipe éducative, le DASEN peut demander au maire de procéder à la radiation de l’élève de son école. »
2. Pour les chefs d’établissement, des pouvoirs élargis pour lutter contre le harcèlement scolaire et les atteintes à la laïcité
Avec le décret 2023-782 qui modifie l’article R421-10 du Code de l’éducation, les pouvoirs du chef d’établissement et le champ de la procédure disciplinaire sont élargis aux cas suivants :
- « Lorsque l’élève commet un acte portant une atteinte grave aux principes de la République, notamment au principe de laïcité » ;
- « Lorsque l’élève commet des actes de harcèlement, notamment de cyber harcèlement, à l’encontre d’un autre élève, y compris lorsque ce dernier est scolarisé dans un autre établissement. »
Dans ces deux cas, le chef d’établissement est tenu d’engager une poursuite disciplinaire, soit seul, soit en saisissant le conseil de discipline. Il peut également, dans les conditions prévues à l’article 511-44 du Code de l’éducation, saisir le conseil de discipline départemental.
En matière de harcèlement, le dispositif prévu par le nouveau décret vient s’ajouter à un dispositif législatif déjà dense et dont le dernier acte fut la promulgation de la loi n° 2022-299 du 2 mars 2022 sur le harcèlement scolaire qui créa une infraction spécifique du même nom érigée en délit pénal et codifiée à l’article n° 222-33-2-2 du Code pénal.
Désormais, avec le décret n° 2023-782 du 16 août 2023, les chefs d’établissement devront engager des procédures disciplinaires en matière de harcèlement ou de cyberharcèlement, y compris lorsque l’élève victime est scolarisé dans un autre établissement scolaire.
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Textes de référence :
- Décret n° 2023-777 du 14 août 2023
- Décret n° 2023-782 du 16 août 2023
- Article 1er de la loi n° 2021-1716 du 21 décembre 2021
- Décret n° 89-122 du 24 février 1989
- Article R411-11-1 du Code de l’éducation
- Article R411-15 du Code de l’éducation
- Article R421-10 du Code de l’éducation
- Article R511-44 du Code de l’éducation
- Note de service du 31 août 2023 du ministre de l’Éducation nationale
- Loi n° 2004-228 du 15 mars 2004
- Article L141-5-1 du Code de l’éducation
- Article 511-20-1 du Code de l’éducation
- Loi n° 2022-299 du 2 mars 2022
- Article 222-33-2-2 du Code pénal