Biographie d’Edgar Quinet

Dans le voisinage idéologique de Condorcet, adulé ou contesté, maître de Léon Gambetta et Jules Ferry, Quinet est né en 1803 à Bourg-en-Bresse et mort à Versailles en 1875. Il a de multiples cordes à son arc puisqu’il est tout à la fois philosophe, historien, homme politique, poète, traducteur, féru d’histoire de la Prusse et du christianisme, grand républicain et voyageur. Titulaire d’une chaire au collège de France, il est renvoyé pour avoir diffusé des idées républicaines et anticléricales. Traducteur de Herder, il part aussi en Grèce grâce à Victor Cousin et côtoie l’helléniste Jean-Baptiste Vietty. Il est contraint à l’exil durant le second Empire mais il en profite pour écrire. Ami de Jules Michelet, Adam Mickiewiez, Victor Hugo, Alphonse de Lamartine et François-René de Chateaubriand, il réveille les consciences des jeunes républicains par ses idées libérales.

L’instigateur d’un « enseignement national, obligatoire et laïque »

Son ouvrage « L’enseignement du peuple » publié en 1850 balise pendant un quart de siècle la voie d’une politique scolaire laïcisatrice. C’est Ferdinand Buisson qui résume le mieux l’impact de l’ouvrage : « c’est de cet admirable petit livre que Jules Ferry s’est inspiré » pour établir son programme sur l’enseignement laïque. L’enseignement gratuit, laïque et obligatoire y est détaillé dès le milieu du XIXème siècle. Au fil de ses nombreux écrits, sa richesse de pensée en fait un précurseur dans bien des domaines notamment pour la démocratie dans « La République » et « L’Esprit nouveau ». Même au moment des plus vives attaques il a toujours fait preuve de clairvoyance corrigeant les erreurs historiques et fausses théories.

Ce n’est qu’en 1872 qu’Émile de Laveleye emploie le terme « école laïque » encore inconnu plus de vingt ans avant par Quinet. Pour Quinet un enseignement laïque émane du peuple des non-clercs ou de la société civile. La morale indépendante évoquée à l’époque par Quinet correspondrait à la morale laïque d’aujourd’hui.

Un philosophe prôneur d’une rupture entre l’Église et l’École

Elle s’impose pour faire cesser le « terrorisme moral » d’une instruction religieuse catholique qui impressionne durablement un enfant. C’est parce qu’il s’élève contre les dogmes que Quinet est considéré comme anticlérical. Il prône cependant le respect de toutes les libertés : conscience et culte, ce dernier ne devant pas avoir de situation privilégiée. Mais il ne propose pas d’exclure de l’école la religion elle-même : l’instituteur doit quand même enseigner l’existence de Dieu.

Citations :

« Ne faites pas au monde l’extrême plaisir de lui demander l’impossible pour qu’il s’autorise à vous refuser le nécessaire ».
« Ce n’est pas un écolier que vous avez à dresser ; c’est bien en réalité un créateur ».

 

Sources :