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Entretien avec une ergonome Sorties scolaires : comment mieux prévenir les risques ?Entretien avec Cathy Bonnety, ergonome et kinésithérapeute
Cathy Bonnety est ergonome et kinésithérapeute. Selon elle, il est important d'améliorer les conditions et équipements de travail des personnels éducatifs pour leur bien-être. Elle nous montre l'importance de l'ergonomie dans les métiers de l'éducation.
Cathy Bonnety, pouvez-vous définir l’ergonomie ?
L’ergonomie est une observation du travail qui a pour but d’adapter le travail à l’homme. L’ergonome analyse l’activité réelle, c’est-à-dire la tâche effectuée par le salarié pour réaliser les tâches prescrites. Elle étudie toutes les stratégies opératoires mises en œuvre par le salarié pour réaliser sa tâche, et les conséquences que cela peut avoir sur sa santé. Suite à ces observations, des préconisations sont données afin d’améliorer les conditions de travail et diminuer le risque de séquelles. Le bien-être au travail des enseignants en dépend.
Les conditions de travail des personnels éducatifs ont-elles des spécificités ?
Oui ! Les personnels de l’éducation dépendent de l’État. Toutes les entreprises privées ont l’obligation de faire suivre leurs salariés par un service de santé au travail et sont soumises au Code du travail qui impose des règles concernant l’hygiène, les environnements sonores, thermiques et acoustiques. Ce n’est pas le cas de l’Éducation nationale. En effet, les fonctionnaires de l’Éducation nationale n’ont pas (ou presque pas) de médecine du travail et ne sont pas suivis régulièrement.
Si l’on prend en compte l’ergonomie dans les métiers de l’éducation, quels sont les risques liés à la posture ?
Pendant leur journée de travail, les enseignants sont le plus souvent en position debout face aux élèves. La position debout prolongée génère un risque d’atteinte rachidienne et de troubles circulatoires. Lorsqu’ils veulent s’asseoir, les chaises sont rarement adaptées, ce qui occasionne des contraintes articulaires au niveau du rachis cervical et dorsolombaire (au niveau du dos), et également au niveau des membres supérieurs (épaules, coudes et poignets).
Quels sont les risques liés à l’environnement sonore ?
Les bâtiments sont très rarement adaptés au niveau de l’ambiance sonore. En effet, les matériaux utilisés lors des constructions sont souvent anciens et sont sources de réverbération des sons. Les enseignants doivent alors forcer sur leur voix pour être entendus par les élèves. Cela crée de la fatigue et des troubles orthophonistes (dysphonie, atteinte des cordes vocales). De plus, travailler dans le bruit est stressant et peut à long terme entraîner des troubles de l’audition et du stress.
Quelles seraient vos recommandations pour mieux prévenir ces risques ?
Sur toutes les nouvelles constructions, il est impératif d’établir un cahier des charges qui prenne en compte les spécificités de l’activité des personnels de l’éducation au niveau de l’ambiance sonore et lumineuse, en utilisant des matériaux adaptés : installer un plafond avec des plaques qui absorbent le bruit, éviter les sols et les murs qui favorisent la réverbération des sons, etc.
Au niveau de la posture de travail, il faut permettre aux enseignants de l’adapter à leurs besoins, mais aussi leur donner la possibilité de s’asseoir lorsqu’ils sont devant le tableau sur une longue période, comme c’est souvent le cas en primaire, en prévoyant un tabouret haut avec soutien lombaire. Il est aussi important de fournir des chaises pour le travail sur écran qui leur permettent d’adapter la posture assise lors de la préparation des cours et des corrections.
Enfin, il serait très utile de mettre en place des séances de gymnastique quotidiennes, tant pour les élèves que pour les enseignants, pour qu’ils apprennent à bien utiliser leur dos. Au Japon, cette activité est très développée, mais ce n’est malheureusement pas le cas en Europe !