Une autonomie renforcée du personnel de direction concernant l’interdiction du téléphone portable à l’école

La loi du 3 août 2018 interdit l’utilisation du téléphone portable dans l’enceinte des écoles élémentaires, primaires et des collèges, sauf dans le cas d’un usage pédagogique et en accord avec le règlement intérieur. L’élaboration de ce document est sous la responsabilité du directeur d’école ou du chef d’établissement. La nouvelle loi renforce donc l’autonomie des personnels de direction et des équipes éducatives des établissements scolaires concernant l’utilisation des outils numériques.

Cette autonomie relative est encadrée par le vade-mecum de la rentrée 2018. Si l’intitulé de la loi parle d’« encadrement et d’utilisation », paradoxalement, celui-ci a pour titre Interdiction de l’utilisation du téléphone portable à l’école et au collège. Par ailleurs, la circulaire 2018-114 rappelle la réglementation concernant l’élaboration des règlements intérieurs. 

Une plus grande sécurité juridique et une diminution des risques numériques en milieu scolaire

L’article L511-6 du Code de l’éducation remédie à un vide juridique en régularisant les confiscations des téléphones ou autres appareils électroniques dans les établissements scolaires. 

De plus, l’encadrement de l’usage du portable permet de limiter les incivilités au sein des établissements, telles que le vol, le racket ou le harcèlement. Les jeunes sont également moins exposés à du contenu choquant, violent ou pornographique. 

Les enjeux pédagogiques des appareils numériques à l’école

André Giordan est professeur en sciences de l’éducation à l’université de Genève. Selon lui, plutôt que d’interdire l’usage des outils numériques, l’école doit former les élèves à leur usage et à leurs dérives. Il est important d’aborder avec les jeunes le phénomène d’addiction et les dangers des téléphones portables pour la santé.  

Des ateliers sur les réseaux sociaux se révèlent nécessaires pour faire prendre conscience aux élèves du modèle économique de ces plateformes et des risques encourus lorsqu’ils s’y connectent : cyberharcèlement, divulgation de données personnelles, etc.   

Cependant, les possibilités pédagogiques des smartphones sont nombreuses. Grâce à des applications ludiques, les enfants peuvent progresser en lecture, en mathématiques ou apprendre une langue étrangère. C’est donc un usage raisonné qui doit primer sur l’interdiction. 

Les axes de cette tribune (téléchargeable dans son intégralité ci-dessous) :

  • Une autonomie renforcée pour les directeurs, chefs d’établissement et leurs équipes éducatives.
  • Une loi qui comporte plus de sécurité juridique et ouvre des possibilités pédagogiques jusqu’alors écartées.
  • L’usage pédagogique des portables : une liberté dont les enseignants doivent s’emparer.
  • Une question prioritaire de constitutionnalité pour rappeler les droits fondamentaux de l’enfant ?

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