Pouvez-vous vous présenter et présenter, par la même occasion, l’INSHEA ?

Professeur des universités rattaché à l’université de Bordeaux, je suis directeur de l’INSHEA depuis le 1er septembre. Au cours de ma carrière, j’ai également exercé les missions de directeur en charge de la formation initiale au conseil régional de Bretagne ainsi que de directeur de l’ESPÉ de l’académie de Bordeaux.

Créé par une disposition de la loi 2005-102 du 11 février 2005, dite pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté, l’INSHEA est un établissement public administratif placé sous la double tutelle des ministères de l’Enseignement supérieur et de la recherche et, de l’Education nationale et de la Jeunesse.

Quelles sont les missions de l’INSHEA ? A qui est destinée cette offre de formation ?

L’INSHEA s’organise aujourd’hui autour de trois pôles : un pôle formation, un pôle recherche et un pôle ressources.

Le pôle formation vise principalement la formation continue des personnels de l’Education nationale des 1er et 2nd degrés, à travers la préparation d’une certification, le CAPEI. L’Institut dispense également des formations spécifiques dans le cadre des modules de formation d’initiative nationale (M.I.N), qui permettent aux personnels de se spécialiser sur un type de handicap en particulier.

L’INSHEA s’occupe aussi de la formation des directeurs de SEGPA (Sections d’enseignement général et professionnel adapté), des sections au sein des établissements scolaires qui accueillent des enfants en grande difficulté.

Enfin, l’Institut propose des formations universitaires classiques ouvertes à un public plus large, notamment plusieurs parcours de Masters et Diplômes universitaires ainsi qu’une licence professionnelle.

A l’heure actuelle, quelles sont les principales difficultés dans la formation des acteurs de l’accompagnement ?

Au regard des nouveaux enjeux de l’éducation inclusive, il est devenu essentiel de redynamiser la formation des personnels d’éducation, et par là les missions de l’INSHEA. L’an dernier, la DGESCO (Direction générale de l’enseignement scolaire) a reçu 1200 demandes de stages et cette année, le chiffre est passé à 2400 demandes. En un an, les besoins de formation ont doublé. Il est donc devenu essentiel de repenser le système afin de former le plus de personnels possibles aux enjeux de l’école inclusive, notamment en développant la formation initiale, dispensée actuellement par les INSPÉ. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de penser des « classes adaptées » mais de penser à la façon dont sont pris en charge les élèves à besoins éducatifs particuliers au sein même d’une classe « classique ».

Selon vous, comment serait-il possible d’améliorer la formation des accompagnants et ainsi l’encadrement des élèves en situation de handicap ?

Afin de répondre à une demande de formation croissante, il faut réfléchir ensemble à un nouveau modèle. Il pourrait être intéressant de s’orienter vers une structure de coopération, un pôle Ressources nationales sur les problématiques liées au handicap et à l’éducation inclusive. Ce pôle pourrait rassembler l’ensemble des ressources qui existent dans ce champ et ainsi en faciliter l’accès aux enseignants qui auraient besoin d’une formation immédiate. Par ailleurs, de nombreux outils sont produits mais ils ne sont pas rassemblés sur une seule et même plateforme. Il faudrait donc s’appuyer sur le numérique, en créant un site ergonomique et fonctionnel qui serait un lieu d’information et de ressources pédagogiques facilement accessibles. Il serait sans doute tout aussi judicieux de faire évoluer le travail des INSPÉ afin qu’elles puissent proposer une offre de formation la plus pertinente possible selon les académies.

Selon vous, quelles sont les pistes d’amélioration pour mieux soutenir la mission des enseignants ?

Nous avons pu remarquer que de nombreux établissements prenaient des initiatives avec leurs équipes pédagogiques, et parfois en interface avec le secteur médico-social. Cela a pu amener vers des évolutions spatiales appropriées pour répondre aux nouveaux besoins liés à l’école inclusive : une salle de classe avec une superficie différente, des salles de réunion ou des bureaux permettant des temps de concertation plus réguliers, etc… Ces initiatives pourraient être intéressantes à valoriser et à reproduire.

Pour moi, l’éducation inclusive risque de bouleverser structurellement le paysage dans l’offre de formation, c’est-à-dire la manière de faire cours avec la pédagogie inclusive, la manière de procéder aux évaluations. Il y a des conditions pour que cela fonctionne, et cela nécessite clairement un nouveau pilotage.