
Les crèches sont de plus en plus nombreuses à se digitaliser, fluidifiant ainsi la communication avec les familles et le travail du personnel. L’arrivée du numérique en établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE) peut toutefois comporter des risques auxquels gestionnaires et directeurs doivent être attentifs. Identifier les risques liés au numérique dans les crèches est nécessaire pour les prévenir efficacement.
Les usages du numérique en EAJE
“ Certains EAJE mettent en place des groupes WhatsApp ou Messenger pour communiquer avec les familles. (...) Des plateformes numériques, qui se présentent sous forme d’applications de type portail famille, se développent. ”
Utiliser le numérique en EAJE devient – plus qu’une opportunité – une nécessité. Informatiser les dossiers ne suffit plus, il faut investir dans des outils digitaux pour alléger la charge de travail, sécuriser les données et satisfaire les attentes des familles.
Les outils numériques au service du directeur de crèche
Des outils métier proposent de digitaliser certains processus de travail en tenant compte des spécificités de fonctionnement des EAJE : gestion automatisée des plannings, planification des congés, facturation des familles, numérisation des contrats, etc. Pour le directeur de crèche, ces fonctionnalités constituent une aide précieuse à plusieurs égards :
- Gain de temps : les logiciels intègrent de l’IA pour automatiser des tâches répétitives, économisant du temps de travail.
- Diminution de la pénibilité au travail : l’automatisation de tâches rébarbatives rend le travail moins pénible, et le directeur d’EAJE se concentre sur des missions valorisantes.
- Optimisation de l’organisation : les systèmes numériques permettent de stocker les dossiers et les données dans un système organisé ; la conservation est sécurisée et la recherche d’informations est facilitée.
Les outils numériques au service des familles
Dans le cadre de leur travail et de leur vie personnelle, les familles utilisent des outils numériques pour communiquer : plateformes de visioconférence au travail et réseaux sociaux dans leur quotidien, notamment. En toute logique, les parents souhaitent bénéficier des mêmes facilités dans le cadre de leurs relations avec la crèche.
Certains EAJE mettent en place des groupes WhatsApp ou Messenger pour communiquer avec les familles. Ces options, toutefois, ne sont pas suffisantes : aucune information personnelle ne peut être échangée dans les fils de discussion.
C’est dans ce contexte que se développent des plateformes numériques, qui se présentent sous forme d’applications de type portail famille. Les parents accèdent à des fonctionnalités utiles et appréciées :
- Un cahier de transmissions numérique : siestes, repas, activités, changes, etc. Chaque parent peut consulter le déroulement de la journée de son enfant, même s’il n’est pas venu lui-même chercher son enfant à la crèche.
- Un espace d’échanges, par messagerie de type chat ou e-mail : les parents peuvent joindre le personnel de crèche dès que nécessaire, et inversement. Cette possibilité est rassurante pour les familles.
- Un espace média, avec un album photo : le personnel de crèche peut alimenter l’espace média avec des photos de l’enfant prises à l’occasion des activités, pour partager son quotidien à ses parents.
- Un système de paiement des factures en ligne : les familles reçoivent leurs factures sur leur application et peuvent payer en ligne.
Toutes ces fonctionnalités sont au service de l’expérience utilisateur des familles et des personnels de crèche. Les parents, en effet, apprécient de disposer d’une information enrichie, et le personnel perd moins de temps à faire les transmissions.
Identification et prévention des risques liés au numérique dans les crèches
“ Les données des EAJE intéressent d’autant plus les pirates qu’elles concernent des jeunes enfants – ce sont à cet égard des données sensibles – et qu’elles relèvent de la responsabilité d’une collectivité. Pirater le système informatique d’une collectivité territoriale “offre” une publicité importante aux cybercriminels. ”
Utiliser le numérique en EAJE est vertueux, à condition d’en maîtriser les dérives. Il faut protéger les jeunes enfants et leurs parents d’une part, et les personnels de crèche d’autre. Trois risques numériques majeurs doivent être anticipés :
- Les cyberattaques ;
- Les atteintes à la vie privée ;
- Les atteintes à l’intégrité des personnes.
1 – Le risque de cyberattaque : enjeux et mesures de protection
Les crèches informatisent massivement leurs processus et leurs données, selon deux configurations alternatives : sur site (« on-premise ») ou dans le cloud. Dans un cas comme dans l’autre, le risque de cyberattaque existe : par ransomwares, ces logiciels qui verrouillent l’ordinateur et demandent une rançon en échange du déverrouillage, ou encore par phishing, aussi appelé « hameçonnage », où le fraudeur se fait passer pour un organisme (banque, ou service des impôts, par exemple).
Illustration : en 2021, plusieurs crèches qui utilisent le même prestataire de cahier de transmissions numérique n’ont subitement plus accès à leurs données. En cause : une cyberattaque menée à l’encontre du prestataire1.
Les données des EAJE intéressent d’autant plus les pirates qu’elles concernent de jeunes enfants – ce sont à cet égard des données sensibles – et qu’elles relèvent de la responsabilité d’une collectivité – pirater le système informatique d’une collectivité territoriale « offre » une publicité importante aux cybercriminels.
Les conséquences d’une cyberattaque sont très préjudiciables :
- L’interruption du service, la perte de données ou les difficultés momentanées d’accès aux données, selon la nature de la cyberattaque, désorganisent et paralysent l’EAJE. Le risque est d’autant plus élevé lorsque les données numérisées portent sur des informations de santé des jeunes enfants (allergies alimentaires, par exemple).
- Le vol de données personnelles porte préjudice aux familles, qui peuvent exiger une indemnisation. Une attention très particulière doit être portée aux photos : les photos des jeunes enfants, en cas de piratage informatique, sont susceptibles d’être détournées pour les usages des réseaux pédophiles.