Nadia B est animatrice périscolaire dans une école primaire. Confrontée à un conflit avec des parents d’une élève, elle a fait appel à L’ASL. Elle revient sur son histoire et l’accompagnement de L’ASL.

Depuis quand êtes-vous adhérente à L’ASL ? Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer ?

“ (...) En tant qu’agent de la fonction publique territoriale, je pouvais moi aussi devenir adhérente. ”

Quand j’ai commencé ce métier voilà 6 ans, je n’étais pas adhérente. C’est une enseignante de l’école où j’exerce actuellement qui m’a parlé de L’ASL. Elle est elle-même adhérente et m’a dit que les services de l’association n’étaient pas réservés aux professeurs de l’Éducation nationale, et qu’en tant qu’agent de la fonction publique territoriale, je pouvais moi aussi devenir adhérente. Nous avions échangé sur les risques liés à mon métier d’animatrice, et cela m’a convaincue. J’ai adhéré à L’ASL quelques mois après, il y a 3 ans.

Pouvez-vous nous parler de votre situation ?

“ Le lendemain les parents ont fait un scandale à la mairie et ont menacé de me traîner devant les tribunaux. ”

Depuis le début de l’année, je rencontre des difficultés liées au comportement inadapté d’une petite fille. Je précise qu’elle ne présente aucune pathologie. Mais elle perturbe tout le monde à la cantine. Elle ne respecte pas les règles, jette la nourriture par terre ou au visage des autres enfants et des animateurs, elle profère des insultes, monte sur les tables, se roule par terre quand on la réprimande… Bref, c’est une enfant difficile, qui est constamment dans la provocation et l’irrespect.
Ces comportements sont quasiment quotidiens, c’est très pénible. Ils se produisent aussi bien avec les animateurs, les enseignants et les élèves. Même le cuisinier se plaint !
Le règlement intérieur des activités périscolaires et extrascolaires stipule qu’en cas de manquement grave aux règles de vie en collectivité, une mise en garde peut être prononcée sur rapport de l’animateur. Et qu’une exclusion peut être envisagée, s’il n’y a pas d’amélioration du comportement, après 3 rapports communiqués à la mairie. Bien entendu, avant d’en arriver là, nous essayons de raisonner l’enfant.
Dans le cas précis, au cours de l’année, j’ai déjà consigné les évènements deux fois dans un rapport, mais rien n’a changé. La fillette n’a rien entendu, et a continué à se comporter d’une façon incompatible avec la vie en collectivité. On ne peut pas permettre qu’une seule élève pourrisse à ce point les activités périscolaires des autres élèves !
J’ai fini par faire un troisième rapport. Je savais qu’il y aurait des sanctions mais cela devenait indispensable pour tout le monde. Je me disais que les sanctions sont parfois salvatrices. Il a donc fallu convoquer les parents pour parler de l’exclusion temporaire. Lors de ce premier rendez-vous, la maman est venue seule. J’étais accompagnée du responsable périscolaire. Le rendez-vous ne s’est pas déroulé dans un esprit de dialogue. La maman nous a dit que sa fille ne se comportait jamais ainsi, et que vu le nombre de rapports que j’avais écrits, le problème venait de moi, que j’avais pris sa fille en grippe, qu’elle lui disait d’ailleurs que j’étais méchante et que je criais toujours, que mon comportement était problématique et que ça allait se savoir. Très énervée, elle m’a insultée et a menacé d’écrire toute cette histoire sur les réseaux sociaux. Elle allait faire une pétition pour me « dégager » et voulait directement en discuter à la mairie, avec son mari qui selon ses dires « était bien plus virulent qu’elle ». Le lendemain les parents ont fait un scandale à la mairie et ont menacé de me traîner devant les tribunaux. Si je comprends leur mécontentement lié à l’exclusion temporaire de leur enfant, parce qu’il est vrai que cela perturbe l’organisation au quotidien, c’est allé beaucoup trop loin. À aucun moment, ces parents n’ont été dans autre chose que la confrontation. Tout dialogue était impossible, ils étaient dans l’incapacité d’admettre que leur fille avait un comportement problématique, alors même que je n’étais pas seule à le constater et à le signaler.

À quel moment avez-vous pris contact avec votre délégation ? Quel a été l’accompagnement de L’ASL ?

“ Dans un premier temps, la délégataire m’a proposé de rédiger une lettre de mise en garde. ”

Après ces deux évènements, je n’étais pas rassurée. J’avais besoin de connaître mes droits. J’en ai discuté avec l’enseignante militante qui m’avait conseillé d’adhérer à L’ASL. Quand je lui ai raconté les insultes et les menaces de plainte, elle m’a exposé les mesures possibles et m’a dit de contacter directement ma délégation. Ce que j’ai fait.
J’ai été accueillie au téléphone par une conseillère technique à qui j’ai relaté les évènements. Elle m’a rappelée le lendemain et m’a dit que si la situation s’aggravait on demanderait la protection fonctionnelle. Dans un premier temps, la délégataire m’a proposé de rédiger une lettre de mise en garde. C’est une lettre d’avertissement que L’ASL rédige à l’auteur des faits, dans ce cas précis à l’adresse des parents de la fillette, pour indiquer qu’il a pris connaissance des faits, à savoir qu’ils m’ont agressée verbalement et menacée, et que s’ils ne présentent pas « d’excuses », cela pourra faire l’objet d’une plainte.

Où en est le dossier aujourd’hui ?

“ La lettre de mise en garde a un peu calmé les parents, en ce sens qu’ils ont contacté le directeur de l’école qui a décidé d’organiser une réunion avec moi pour résoudre le conflit. ”

La lettre de mise en garde a un peu calmé les parents, en ce sens qu’ils ont contacté le directeur de l’école qui a décidé d’organiser une réunion avec moi pour résoudre le conflit. Normalement, il n’est en rien tenu d’endosser ce rôle, parce que le périscolaire concerne la mairie qui est l’employeur, mais il tenait à nous recevoir. Pour le coup, cette entrevue s’est mieux passée. Il faut dire que le directeur avait aussi recueilli d’autres témoignages pour faire entendre aux parents que le comportement de leur fille était problématique. Il m’a aussi été dit qu’il fallait de mon côté cesser d’élever la voix. Cette réunion a un peu servi de médiation. Mais bon, elle n’a pas résolu le fond du problème. Les parents ont dû parler à leur fille, parce que dans les jours qui ont suivi, elle s’était un peu calmée. Mais cela n’a pas duré. Et j’avoue que je suis échaudée par toute cette histoire. Je n’ai pas été soutenue par la mairie. J’ai même reçu la visite de mon chef de service qui est venu contrôler mon comportement avec les élèves. Alors je prends sur moi pour le moment. Ma collègue m’a dit que l’enseignant de la petite avait réuni l’équipe pédagogique à son sujet pour trouver une solution car son comportement perturbe également la classe. De ce fait, je me dis que les choses vont peut-être bouger.

* Par souci d’anonymat, le prénom a été modifié

 

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