Vous souvenez-vous de votre premier jour en tant qu’éducateur ?

« Dès le premier jour, le dialogue était possible avec les chefs de service et la directrice, ce qui favorise grandement l’intégration. »

Ma première expérience a eu lieu au sein d’un CES (centre éducatif et scolaire) pour un stage d’observation d’un mois en 2017. J’ai bénéficié d’une présentation de l’équipe éducative et des enfants par le chef de service et ai aussitôt commencé l’accompagnement quotidien des jeunes : préparation pour l’école (réveil, douche, petit déjeuner, accompagnement à l’école, repas du midi…). En bref, tout ce qui rythme la vie quotidienne des enfants placés.

J’ai immédiatement ressenti le rythme intensif de cette prise en charge, compte tenu notamment du nombre d’enfants et du taux d’encadrement (4 éducateurs pour 33 enfants).

Le contact avec les jeunes a tout de suite été positif, ce qui a favorisé la création d’une relation de confiance. J’ai eu le soutien des éducateurs en place à ce moment-là : ils ont su répondre à mes questions, m’apporter leur aide dans les situations complexes. Dès le premier jour, le dialogue était possible avec les chefs de service et la directrice, ce qui favorise grandement l’intégration.

 

Quelle formation avez-vous suivie pour devenir éducateur ? Quels stages éventuels avez-vous effectués ?

« En poste en CDI dans ce CES (centre éducatif et scolaire), j’ai pu valider mon diplôme d’éducateur spécialisé (DESS) par VAE (validation des acquis de l’expérience). »

J’ai bénéficié de la 1re année de formation d’éducateur spécialisé au sein de l’IRTS (institut régional du travail social) Champagne-Ardenne à la suite de l’obtention de mon concours d’éducateur spécialisé. J’ai pu faire un stage de deux mois en institut médico-éducatif (IME) et un stage d’une semaine dans un service de prévention spécialisée à Reims.

J’ai souhaité mettre fin à cette formation trop scolaire pour moi et entrer dans le monde du travail directement à la suite de cela. C’est alors que je suis retourné au CES où j’avais vécu ma première expérience, pour intégrer le service de prévention spécialisée. En poste en CDI dans ce CES, j’ai pu valider mon diplôme d’éducateur spécialisé (DEES) par VAE (validation des acquis de l’expérience).

 

Les risques liés à l’exercice de votre métier ont-ils été abordés lors de votre formation ?

« Les formations à la gestion des conflits visent à nous aider à comprendre les mécanismes du conflit, à choisir la meilleure stratégie pour garder la relation sereine. »

Je n’ai pas bénéficié de formation aux différents risques du métier lors de ma 1re année à l’IRTS, sauf concernant la gestion des conflits, qui est le risque majeur de ce métier. Les personnels peuvent en effet subir des agressions verbales ou physiques et se retrouver désemparés face à ces situations. Les formations à la gestion des conflits visent à nous aider à comprendre les mécanismes du conflit, à choisir la meilleure stratégie pour garder la relation sereine, et si conflit il y a, à le régler tout en préservant notre sécurité et celle des autres personnels, ainsi que l’intégrité physique et mentale des mineurs. L’association dans laquelle je travaille actuellement m’a permis d’accéder à plusieurs formations sur la gestion de conflits (NextUp) qui ont complété celle que j’avais eue initialement, ainsi que des formations sur les risques numériques et la sécurité/incendie (SAPIAN).

 

Au regard de l’année qui a suivi cette rentrée, diriez-vous que vous étiez bien formé, bien préparé ?

« Si la théorie est essentielle, l’expérience et la confrontation aux situations sont absolument nécessaires. »

Si la théorie est essentielle, l’expérience et la confrontation aux situations sont absolument nécessaires. C’est cela qui permet de prendre de l’assurance, d’anticiper les situations de crise… Il faut faire ses armes. Et pour faire ses armes dans les meilleures conditions, il est indispensable que l’environnement professionnel soit bienveillant et attentif au début de carrière. Ça a été mon cas. J’ai bénéficié d’une équipe à l’écoute et présente.

 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de cette première année de pratique ? Qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile en tant que jeune éducateur ?

« Ce qui m’a semblé le plus difficile a été la nécessité d’établir un lien fort avec les jeunes tout en faisant respecter le cadre et les règles institutionnelles. »

Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières lors de ma première année d’exercice. Mais ce qui m’a semblé le plus difficile a été la nécessité d’établir un lien fort avec les jeunes tout en faisant respecter le cadre et les règles institutionnelles. Par ailleurs, cette difficulté n’est pas inhérente à la première année d’exercice, elle persiste tout au long du parcours professionnel, car le public change au fil des mois et des années. Et il faut sans cesse conserver cet équilibre.

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait suivre votre voie ?

« Je lui dirais qu’il est indispensable d’“essayer” ce métier avant de l’adopter. »

Je lui dirais qu’il est indispensable d’« essayer » ce métier avant de l’adopter. Je pense en effet qu’il faut en faire l’expérience pour évaluer sa capacité à effectuer ce travail. S’il y a des aspects administratifs, l’essentiel du métier d’éducateur est de créer du lien, d’instaurer la confiance dans un respect mutuel, ce qui tient plus de la personne elle-même que du diplôme. On peut valider un diplôme d’éducateur spécialisé sans pour autant avoir les aptitudes nécessaires pour remplir les missions sur le terrain.