Nos podcasts
Nos chats live
L'ASL en Direct
Articles les plus partagés
Entretien avec une ergonome Sorties scolaires : comment mieux prévenir les risques ?La première rentrée d’une auxiliaire de puériculture : entretien
Vous souvenez-vous de votre premier jour ? Pouvez-vous nous en parler ?
« Il y avait une directrice, éducatrice de jeunes enfants, avec moi sur le terrain pour me conseiller et répondre à mes questions si j’en avais. »
J’ai commencé très jeune à travailler auprès des enfants. J’avais 20 ans, zéro expérience, pas de diplôme, mais j’adorais l’idée de m’occuper de tout-petits. Au début, on ne connaît pas grand-chose, on a juste la motivation. On me disait souvent alors qu’il fallait que je prenne un peu plus d’initiatives. Mais je me suis sentie rapidement à l’aise, parce que c’est un environnement qui m’a tout de suite plu, tellement que, presque 30 ans plus tard, j’y suis encore !
Donc, le premier jour, je n’étais même pas angoissée, il y avait une directrice, éducatrice de jeunes enfants, avec moi sur le terrain pour me conseiller et répondre à mes questions si j’en avais. C’est vraiment la meilleure éducatrice que j’ai rencontrée, elle m’a appris beaucoup de choses en peu d’années. Je suis restée quatre ans, et j’ai appris l’essentiel de mon métier avec elle.
Quelle formation avez-vous suivie pour devenir auxiliaire de puériculture ?
« J’ai bénéficié d’une formation aux premiers secours que j’avais déjà faite auparavant, des formations avec l’éducatrice sur les enfants, leur développement, puis des formations en neurosciences. »
J’ai passé la VAE (validation des acquis de l’expérience) en 2009, j’avais déjà 20 ans d’expérience. Je l’ai préparée pendant deux ans. C’était sur dossier, il fallait détailler ses compétences, son expérience. Je l’ai eue tout de suite après validation de tous les modules. Et là, je suis partie en crèche municipale, parce que je voulais vivre d’autres expériences. En crèche parentale, l’ambiance était très décontractée, sans stress. En crèche municipale, c’est plus réglementé : il y a des protocoles, des règlements, des projets, des formations. J’ai commencé vraiment à être formée à partir de ce moment-là, en fait. J’ai bénéficié d’une formation aux premiers secours que j’avais déjà faite auparavant, des formations avec l’éducatrice sur les enfants, leur développement, puis des formations en neurosciences. Il y a beaucoup de formations à la mairie. Certaines sont obligatoires, une tous les trois ans, je crois, d’autres au choix, selon nos besoins. On a aussi des formations en interne, gérées par la coordination petite enfance, et chaque année au mois de décembre, nous avons deux formations. Ça peut être sur les nouvelles pédagogies, mais aussi des formations plus pratiques, type incendie, extincteurs…
Les risques liés à l’exercice de votre métier ont-ils été abordés lors de votre formation ?
« La direction vous transmet quand vous arrivez des recommandations, des documents, pour connaître les règles à suivre en matière de sécurité, d’hygiène, face aux allergies… »
Ce sont surtout les éducatrices qui sont formées à ces risques du métier, plus que nous (les auxiliaires de puériculture, ndlr). Mais nous sommes sensibilisés à tous ces risques-là, via des petites formations ou des réunions thématiques. Cela peut être sur la sensibilisation aux dangers des écrans chez les tout-petits, la maltraitance, la relation aux parents. Mais pas de formation sur les risques de harcèlement ou les risques numériques dans les crèches, par exemple. C’est quelque chose qui est abordé en formation « classique », les éducatrices, les auxiliaires l’ont dans leur parcours initial.
Ce qui ne m’empêche pas d’avoir été sensibilisée à ces thèmes. Par exemple, la gestion du droit à l’image, qui fait partie de notre rôle. Nous sommes très vigilants sur le sujet, nous faisons remplir les demandes d’autorisations aux parents pour chaque prise de vue. Idem pour le logiciel d’échanges entre la crèche et les parents : on envoie des photos, des messages, les dates de réunion via cette application. Ces échanges nécessitent un savoir-être et quelques précautions.
Nous sommes aussi conscients qu’il existe un risque pénal, c’est abordé par la direction qui vous transmet quand vous arrivez des recommandations, des documents, pour connaître les règles à suivre en matière de sécurité, d’hygiène, face aux allergies…
Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de cette première année de pratique ? Qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile lorsque vous avez débuté en tant qu’auxiliaire de puériculture ?
Le risque majeur est le risque d’accident. Il engage votre responsabilité. Chez les tout-petits, c’est le risque d’une chute, de morsures entre enfants. Les morsures sont vraiment quelque chose que les parents ne supportent pas, et il faut être formé justement pour pouvoir leur répondre sur le développement des enfants, pourquoi ils mordent. C’est un métier où il faut une vigilance de tous les instants. C’est pour cela qu’il y a un quota, un nombre d’enfants par adulte. Chez nous, une adulte pour 5 enfants. Notre structure accueille 15 enfants, avec 2 auxiliaires, un CAP petite enfance, une éducatrice de jeunes enfants et un agent technique.
Personnellement, j’ai de la chance, au cours de près de 30 ans de carrière, je n’ai rencontré aucun problème, à part un parent mécontent une fois. Son enfant s’était fait mal, mais ce n’était pas grave, et ça n’a pas été jusqu’à la plainte ni la menace. Il n’y a même pas eu de dégradation de la relation avec le parent.
La priorité, en crèche, c’est la surveillance et la sécurité des enfants. Je fais très attention. On doit être vigilant sur tous les fronts, même si bien évidemment on n’est jamais à l’abri d’un accident.
Ce qui m’a semblé le plus difficile quand j’ai changé de structure, c’est finalement la pression. J’avais été recommandée par une collègue, il fallait que j’assure. Il y avait de nouveaux enfants à connaître, l’équipe, la hiérarchie, le règlement, le nouveau fonctionnement, un nouveau projet… Le plus difficile, c’est de faire connaissance et de s’intégrer finalement.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait suivre votre voie ?
« Ce métier est une vocation, un métier passion. Il faut avoir conscience dès le départ qu’il demande beaucoup d’investissement personnel. »
Il faut déjà aimer travailler auprès des enfants, ce métier est une vocation, un métier passion. Il faut avoir conscience dès le départ qu’il demande beaucoup d’investissement personnel.
C’est un travail difficile, où il y a beaucoup de stress, il faut se remettre en question tout le temps. Et être patient. Les tout-petits demandent beaucoup d’attention, mais aussi beaucoup de patience. Il faut en outre être en bonne forme physique et mentale, car c’est un métier très fatigant qui demande de la polyvalence. Par exemple, on peut être amené à aider en cuisine, au ménage. Il faut avoir aussi envie de travailler en équipe, ce n’est pas toujours facile, car c’est de la relation humaine soumise aux aléas humains. Donc, c’est indispensable d’avoir un bon relationnel, que ce soit avec l’équipe ou avec les parents.
Enfin, je dirais qu’il faut avoir envie d’évoluer dans sa carrière, se former beaucoup, se former longtemps. Moi, j’ai beaucoup évolué, parce que c’était mon envie personnelle. Aujourd’hui, je m’occupe des apprentis, je pense que c’est important de transmettre tout ce qu’on a appris.