L’usage des réseaux sociaux par les enseignants n’est pas sans risques. Lorsque les personnels d’éducation les utilisent à titre privé, comment sécuriser leur profil ? Dans le cadre de projets pédagogiques, quelles sont les précautions à prendre avant de se lancer sur les réseaux sociaux ? Me Marie Duponchelle, avocat-conseil de la délégation de l’Oise, nous rappelle quelques bonnes pratiques.

Maître, l’usage des réseaux sociaux par les enseignants comporte des risques, aussi bien à titre privé que dans le cadre d’un module pédagogique. Quels sont-ils ?

Il faut distinguer 2 types de risques. Le premier est lié à l’usage des réseaux sociaux à titre privé par les enseignants. Et le second, à l’usage des réseaux sociaux dans le cadre d’un projet pédagogique au sein de l’établissement. 

Les enseignants n’ont souvent absolument pas conscience des risques dans le cadre d’un usage privé. Ils ont un compte Facebook, Snapchat, Instagram ou autre, ne sécurisent pas leur profil et publient des photos de vacances, de leurs enfants, de leur famille, etc. Ils se demandent ensuite comment les élèves ont pu récupérer certaines photographies et les détourner, alors que les publications avaient été faites, pensaient-ils, dans un cadre strictement privé. Le risque lié à l’usage privé provient de la diffusion de photos d’un enseignant et d’informations de sa vie privée sur Internet. 

Le deuxième risque concerne l’usage des réseaux sociaux dans le cadre d’un projet pédagogique. Il peut intégrer un module de communication avec une utilisation des réseaux sociaux par les élèves.

Comment les enseignants peuvent-ils se prémunir de ce risque dans le cadre privé ?

Dans le cadre privé, les enseignants préviennent les risques en sécurisant leur profil. Le nombre de fois où j’entends des enseignants se plaindre parce qu’une photo d’eux sur la plage a été récupérée par les élèves. À partir du moment où la photo a été mise sans être sécurisée, elle a, par défaut, un caractère public. C’est le cas sur beaucoup de réseaux sociaux. Or, si la photo a un caractère public, on ne peut rien reprocher aux personnes qui l’ont récupérée et qui n’en font pas un usage détourné. 

Il est nécessaire de sécuriser son profil. Comment ? En le fermant au maximum et en diffusant un minimum d’informations. À partir du moment où on prend conscience que tout ce que l’on met sur Internet est public, tout de suite, on contrôle davantage. On limite le nombre d’amis et on partage des informations, de préférence, dans des groupes restreints. Cela évite que nos photos de vacances ou de nos enfants soient accessibles aux parents d’élèves ou aux élèves. 

Et comment peuvent-ils s’en prémunir dans le cadre pédagogique ?

Dans le cas d’un usage pédagogique des réseaux sociaux, prévenir les risques passe par un cadre fixé au préalable. Lors de l’élaboration du projet pédagogique, tout le monde doit être au courant qu’il va y avoir un recours aux réseaux sociaux. Il faut un accord de l’ensemble du corps enseignant et des intervenants dans l’établissement pour l’utilisation des réseaux sociaux. On procède de la même manière que lors de l’usage potentiel d’une image d’un élève : on élabore une charte, un cadre d’utilisation, et surtout, on fait remplir une autorisation au droit à l’image

Il faut bien avoir conscience que l’enseignant est responsable de l’image de ses élèves qu’il diffuse sur les réseaux sociaux. On va donc préparer une autorisation du droit à l’image spécifique pour l’usage des réseaux sociaux. Le document va mentionner qu’il va y avoir un recours aux réseaux sociaux, ainsi que le réseau social utilisé, et solliciter l’autorisation de l’ensemble des représentants légaux de l’élève. 

Dans la même série

Usage du numérique à l’école : de nouveaux risques pour les enseignants

Publié le 04/01/2023

La gestion du harcèlement dans l’Éducation nationale

Publié le 22/06/2020

Le rôle de L’ASL face aux injures et à la diffamation sur les réseaux sociaux

Publié le 22/06/2020

Dossier : Risques numériques

L’usurpation d’identité en ligne : définition et conséquences

Publié le 22/06/2020

Le circuit de la plainte : procédure et suites possibles

Publié le 22/06/2020

Contravention, délit et crime : quelles différences ?

Publié le 22/06/2020

Les preuves numériques : recueil, conservation et validité

Publié le 22/06/2020

La faute caractérisée : la comprendre et s’en prémunir

Publié le 22/06/2020

La responsabilité civile des personnels d’éducation

Publié le 22/06/2020

Le plaider-coupable : définition et procédure

Publié le 22/06/2020

La composition pénale : définition et mise en pratique

Publié le 22/06/2020

La prescription : définition et délais selon les infractions

Publié le 22/06/2020

Non-lieu, relaxe et acquittement : les différences

Publié le 22/06/2020

L’agression en milieu scolaire : l’identifier pour mieux réagir

Publié le 22/06/2020

La dispense de peine et le casier judiciaire

Publié le 22/06/2020

La collecte et la conservation des preuves numériques

Publié le 21/06/2020

L’utilisation de l’image d’un enseignant par un tiers sans son accord

Publié le 21/06/2020

Faire face au harcèlement moral dans la fonction publique

Publié le 21/06/2020

Transmettre une information préoccupante : procédure et conséquences

Publié le 21/06/2020

Le signalement en milieu scolaire : procédure et suites

Publié le 21/06/2020